Le programme intégré de la Province de l’Equateur s’inscrit dans un contexte mondial de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) issus de la déforestation et de la dégradation des forêts. En tant que pilote, le programme vise quatre de sept Territoires que compte la province de l’Equateur à savoir : (i) les 3 Territoires du sud de la Province (Bikoro, Lukolela, Ingende) frontaliers de la Province de Mai-Ndombe afin d’éviter l’effet de rebond, dans un contexte de continuum, entre ces deux massifs forestiers contiguës, qui annihilerait les différents efforts en cours et prévus qui devront y être menées, notamment dans le cadre de PIREDD plateau et PIREDD-Mai-Ndombe; (ii) le Territoire de Bomongo, qui contient une des plus vastes zones humides du pays, dont une partie a été érigée en aire protégée : Réserve de la Ngiri.
Pour adresser efficacement les moteurs de la déforestation, dont principalement l’agriculture itinérante sur brûlis et la collecte de bois de feu, le programme privilégie, en plus des actions techniques de riposte, la gestion de la démographie à travers le planning familial et la promotion des stratégies d’adaptation qui se traduiraient par le maintien ou l’accroissement des superficies forestières.
Dans ce contexte, le programme se propose d’adopter des méthodes d’afforestation communautaires et individuelles en vue de la conquête des savanes foncièrement sécurisées ; d’assurer la promotion de l’Agroforesterie ainsi que d’une agriculture durable et de conservation dans les jachères post-culturales afin de contenir des nouveaux fronts de défrichement en forêts naturelles, en plus d’appuyer des itinéraires agricoles prometteuses en matière économique et environnementale. Dans ce cadre aussi, des activités alternatives à l’agriculture extensive, susceptibles de procurer aux communautés et groupes bénéficiaires des revenus substantiels et durables, qui les sortiraient graduellement du cercle vicieux de la pauvreté, sont proposées.
Suite à une planification consensuelle de l’utilisation des terres dans la zone d’intervention, le programme contribuera, suivant une approche volontarisme et de PSE, à l’installation de 15 000 ha de superficie aménagée en zone d’intervention du programme. Cette superficie devrait être constituée de 7 000 ha de mise en défens, de 3 000 ha de boisement énergétique en savanes ainsi qu’en zones péri-urbaines anthropisées, de 2 000 ha dans les jachères post-culturales établis sous-systèmes agroforestiers de fermes pilotes et enfin, d’un appui à la réhabilitation et au développement des cultures prennes de rente (Cacaoyer, Palmier, Caféier,…) sur 3 000 ha d’exploitation familiale. Le programme compte par ailleurs apporter une assistance technique dans la gestion d’environ 480 000 ha dédiées aux concessions forestières des communautés locales (PA et Bantous confondus). Afin de promouvoir des sources de financement durables et incitatives en faveur des acteurs, le programme envisage d’aborder les principes de Caisse de Résilience, mis en route dans le cadre des Associations Villageoises d’Epargne et Crédits (AVEC) avec des fonds localement générés au travers des PSE ou encore, issus de l’exploitation communautaire à terme des produits (vivriers et ligneux) d’exploitation.
Le programme met une emphase sur le renforcement d’une gouvernance locale, reflétée par des structures locales de gouvernance dont notamment, les Comités Locaux de Développement (CLD) à forte représentativité féminine (au moins 40 %), devant progressivement être fédérés en Conseils Agricoles et Ruraux de Gestion (CARG) aux échelons des Secteurs et des Territoires administratifs concernés. Dans ce contexte participatif, le programme compte associer les différentes parties prenantes dont les structures clés de l’Administration agricole (IPAPEL) et forestière (CPE) et ce ; en perspective d’une reprise en main et de la pérennisation des acquis. La composante « société civile » y est également considérée compte-tenu de ses compétences intrinsèques dans l’appui et l’accompagnement des communautés locales. Il en est de même du secteur privé, qui est ici considéré dans un contexte de promotion locale de partenariat public et privé, en matière notamment du développement et de la commercialisation de la production agricole de rente (Café, cacao, huile de palme) issue des exploitations familiales et de sa contribution attendue dans la réhabilitation des routes d’intérêt local. Afin de mieux fédérer les contributions respectives, une plate-forme multi-acteurs est prévue au niveau même de la province et le programme prévoit, aux échelons des entités administratives déconcentrées (territoires) et décentralisées (secteurs) des répliques qui seraient assorties, au niveau des CLD, de cadres de résolution à l’amiable des conflits, compte–tenu de la diversité et de multiplicité des conflits qui sont susceptibles de naître lors de la mise en œuvre du programme.
Le programme, ambitieux en soi quant aux résultats attendus, compte aussi sur le volontarisme des bénéficiaires et le soutien inconditionnel de l’administration locale, qui a accepté d’endosser le projet et de le recommander auprès du FONARED, à travers des appuis collatéraux multiformes susceptibles de contribuer, dans un contexte de mutualisation, à l’atteinte des objectifs poursuivis.