Le processus REDD + prend la route en République Démocratique du Congo

Le processus REDD+ entre dans une nouvelle phase importante. Après des années de préparation, un nombre croissant de pays progressent dans la mise en œuvre des actions REDD + sur le terrain. L’un de ces pays est la République Démocratique du Congo, où la FAO a récemment lancé un projet de quatre ans dans la province de l’Équateur avec le soutien financier du Fonds National REDD+ (FONAREDD).

Le Programme Intégré REDD+ (PIREDD) est réalisé en collaboration avec le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et dans le cadre de la stratégie nationale REDD+ du pays, en s’appuyant sur le soutien fourni par le Programme ONU-REDD.

Il vise à réduire les émissions liées à la déforestation et la dégradation des forêts en s’attaquant aux principaux moteurs de déforestation, notamment l’agriculture itinérante, l’exploitation forestière et la production de bois-énergie (charbon de bois/bois de chauffe). Le programme vise à collaborer avec les communautés de quatre territoires, en fournissant un soutien pour une meilleure gouvernance des ressources, des pratiques agricoles intelligentes face au climat, l’agroforesterie, la sécurité des droits fonciers forestiers, l’efficacité énergétique du bois et la l’offre de services de planification familiale. Les peuples autochtones et les communautés locales jouent un rôle important dans la mise en place d’une gestion plus durable des ressources, de sorte que leur engagement actif dès le début du projet est crucial. L’obtention du Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP) des bénéficiaires du projet est une première étape critique qui doit avoir lieu avant les futures activités du projet.

Avec 153 millions d’hectares de forêt, dont plus de la moitié est une forêt tropicale dense, la République Démocratique du Congo détient plus de la moitié des forêts du bassin du Congo, représentant près de 10% des forêts tropicales humides du monde et 45% des forêts d’Afrique (FAO, FRA 2015).

Les routes rurales de la province sont en mauvais état et atteindre le village d’Itipo nécessite une journée complète de voyage. La population du village est divisée entre le peuple Bantou qui occupe la zone la plus accessible du village près de la route principale, et le peuple autochtone Batwa à l’intérieur. Les villageois veulent résoudre les conflits fonciers récents avec une concession d’exploitation forestière opérant dans la région, car l’exploitation forestière a lieu dans les forêts que les communautés revendiquent comme étant les leurs. L’accès à d’importants produits forestiers tels que les chenilles a considérablement diminué et la faune sauvage comme les pangolins est désormais devenue rare. En outre, les tentatives pour faire respecter les accords de partage des avantages avec le concessionnaire forestier ont échoué.

Lors d’une récente mission, l’équipe du projet a facilité un exercice de cartographie participative pour mieux comprendre les ressources, les atouts et les principaux défis du village. Mwanza Chomba, institutrice et chef de village, a déploré le manque de suivi d’une précédente session de formation sur la Planification Familiale et a sollicité les intrants de contraceptifs, actuellement indisponibles dans le village.

Les femmes du village supportent de lourdes charges en termes de travail physique pour l’agriculture, l’entretien du ménage et des enfants, la collecte de bois de chauffage et d’autres produits forestiers et la cuisine. Comme l’a expliqué une femme, « les barrières pèsent lourdement sur les femmes. Elles vieillissent rapidement. »

Pour réduire le stress physique et mental et lutter contre les inégalités, l’équipe du projet a pris bonne note de toutes ces préoccupations. Les informations recueillies aideront à affiner les activités proposées, si les villageois d’Itipo décident de s’engager dans le projet. Cette communauté a manifesté un vif intérêt pour le PIREDD, et les premières mesures ont été prises dans un processus participatif pour demander leur consentement formel.

Tous les partenaires impliqués dans le projet sont ravis de continuer à impliquer les parties prenantes et à répondre aux besoins des communautés locales. Ces efforts garantiront que le projet contribue non seulement à la lutte contre le changement climatique en réduisant les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, mais améliore les moyens de subsistance des communautés forestières de la région.

Le succès de ces programmes intégrés, actuellement mis en œuvre dans plusieurs autres provinces de la République Démocratique du Congo, aidera le pays à atteindre ses objectifs et ses engagements en matière de changement climatique et de développement durable.

Amanda Bradley

Spécialiste du régime forestier, du genre et des Peuples Autochtones pour REDD+

Département des forêts de la FAO

Amanda.Bradley@fao.org

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