L’agriculture en RDC est caractérisée par l’utilisation des techniques non durables telles que la culture sur brûlis pour la production de manioc, de riz et de maïs. Afin de promouvoir de nouvelles approches durables, l’ONG locale Kindu Maendeleo, dans la province du Maniema, avec le soutien financier du Programme Intégré REDD+ (PIREDD Maniema), mis en œuvre par la GIZ (coopération allemande), a promu la culture du riz dans des étangs piscicoles.

Le projet a été exécuté à Nyoka et Tuzumbu dans le groupement Kyamba, secteur de Wasongola mais également à Kayuyu et Samweli, groupement Babongolo, secteur Wakabangu II. 92 ménages (représentant environ 500 personnes) ont été identifiés comme propriétaires des étangs piscicoles avec des surfaces d’environ 50x50m.

Ces étangs piscicoles existaient déjà depuis des années dans cette même configuration, de sorte qu’aucune surface de forêt n’a dû être déboisée pour cette activité. Au contraire, grâce à la distribution de 1320 plants d’arbres, les ménages ont été encouragés à planter des arbres fruitiers pour stabiliser les berges de leurs étangs piscicoles. Ainsi, 29 hectares de forêts ont été protégés de la culture sur brûlis et 13 hectares reboisés.

Selon Herman NGABO, chargé des programmes au sein de Kindu Maendeleo, l’introduction de cette innovation dans la zone n’a pas été facile. Il a fallu du temps et des stratégies pour convaincre tous les bénéficiaires de s’approprier cette innovation. Ce n’est qu’à l’issue des résultats qu’ils ont adhéré à l’innovation.

Monsieur SWEDI NJOLOKO, un habitant de Kayuyu, chef-lieu de l’ETD Wakabangu II

« Grâce à ce projet, je connais comment cultiver le riz dans les étangs, je faisais inutilement la pression dans la forêt en coupant des arbres pour faire de la culture de riz. Avec, 1 hectare de champs de riz, je ne produisais pas plus de 6 sacs (600kg) ; mais grâce à l’ONG Kindu Maendeleo j’ai pu produire 11 sacs (1,1tonne) dans mon étang de 70x80m. Avec cette production, j’ai acheté un moteur à moulin qui va m’aider aussi à relancer mon activité économique et j’ai pu réussir également à payer les frais académiques de mes deux enfants qui étudient à l’université de Kindu. »

Finalement grâce à cette approche efficace, 31 tonnes de riz ont pu être produites et ce, surtout en dehors du calendrier agricole normal. Cela a eu un impact positif sur les bénéfices, avec un rendement supérieur à 40%, les prix variant fortement en fonction de l’offre et de la demande au cours de l’année.  62% des ménages ont déclaré à la fin du projet que leurs conditions de vie s’étaient améliorées.

Madame Antoinette SIBAZURI de Tuzumbu,village du groupement Bakongola, secteur Wasongola.

 » Avec une petite superficie emblavée de mon étang, j’ai produit 7 sacs (700kg) de paddy, avec une récolte échelonnée (3 fois). J’ai vendu une partie de cette production et j’ai acheté une télévision. Chaque soir, mes enfants commencent à regarder la télévision. Une autre partie va servir pour l’alimentation. Je prends la ferme décision de cultiver toujours le riz dans mon étang au lieu de se tracasser inutilement dans la forêt avec un travail qui s’avère pénible notamment avec l’abattage d’arbres et d’incinération dans le champ, trop de travaux. Si ce projet pouvait encore revenir, franchement je suis certaine que les conditions de ma vie pourront s’améliorer. Nous avons également été formés au genre, ce qui fait que mon Mari m’associe désormais à ses affaires. »

Il convient de signaler qu’après beaucoup de témoignages sur l’innovation, certains agriculteurs membres de l’équipe de l’évaluation notamment l’Inspecteur Provincial du Développement Rural et le Conseiller spécial du Gouverneur en charge de l’Agriculture, ont promis d’expérimenter à leur tour cette innovation.

© BGF/ PIREDD Maniema, FURAHA BASHIGE Rachel, SHABA KITWANGA, Blaise-Pascal, août 2022