La foresterie communautaire, une approche de gestion durable des forêts par les communautés locales, procure parmi ses nombreux avantages, un avantage économique : celui de l’exploitation des produits forestiers ligneux et non ligneux. Ceci permet aux communautés de tirer profit de l’exploitation des forêts avec lesquelles le lien est aussi vieux que le ciel.

Le chef coutumier du secteur d’Ilanga en Province de l’Equateur, revient sur ce lien qu’il dit être inextricable :

« Avant même les partenaires qui sont venus en appui au gouvernement, notre coutume a toujours protégé la forêt. Avant, nous vivions de la cueillette et même les lianes, on ne les coupait pas en désordre. Car cette forêt représente toute notre vie. D’autres espèces d’animaux nous ne pouvons même pas les abattre car ils mettent bas seulement une fois l’an. La coutume est très dure dans ce sens car c’est pour le bien de nos enfants. »

Dans le secteur d’Ilanga sur l’axe Kalamba, à une soixantaine de kilomètres de Mbandaka, la communauté a obtenu depuis 2020 un titre de gestion grâce à l’accompagnement de WWF dans le cadre du Programme Intégré REDD+ en Province de l’Equateur (PIREDD Equateur). Juste après l’obtention de ce titre, des enquêtes socio-économiques ont été réalisées et ont permis de définir les priorités pour le développement local (PDL) de ce secteur. Ceci a conduit à identifier et à prioriser 3 types de produits prometteurs parmi les produits forestiers non ligneux (PFNL).

Parmi les PFNL identifiés, la sélection des produits prometteurs se fait sur base de 4 critères, notamment (1) la disponibilité du produit, (2) l’accessibilité du produit, (4) la valeur économique et (4) la facilité d’évacuation.

Mr José EMPELE, Président du Comité Local de Développement du Secteur d’Ilanga :

Mr José EMPELE, Président du Comité Local de Développement du Secteur d’Ilanga : « Nous avons choisi 3 types de produits notamment le fumbwa, les feuilles d’emballage et les nattes. Comme à Mbandaka le besoin est grand et même ici chez-nous, je suis sûr que les mamans qui s’en chargent, gagnent l’argent chaque jour. Nous avons regroupé les exploitants de ces produits selon les types produits qu’ils exploitent afin de créer de petites entreprises d’exploitation des PFNL. »

Echantillon de produit exploité: Fumbwa

Echantillon de produit exploité: Feuilles d’emballage

Echantillon de produit exploité: Nattes

En Province de l’Equateur, 61 micro-entreprises ont été constituées et accompagnées dans l’exploitation des PFNL et 18 autres nouvelles microentreprises forestières des PFNL ont été constituées avec agrément dans 5 villages essentiellement pour le peuples autochtones pygmées dans le secteur de Bokatola.

Madame Marie-Jeanne SIMA MPETE (à droite), Présidente de l’Association Mosala Lobiko, une des associations d’exploitation des PFNL (les nattes) :

« Nous sommes à 5 femmes et 1 homme dans notre association. Nous organisons la vente une fois le mois. Si nous vendons par exemple 20 nattes à 40.000 francs congolais, nous prenons 30.000 nous donnons à l’un des membres et les 10.000 restants, nous organisons le transport avec et ainsi de suite. Même si nous pratiquons l’agriculture à côté, je ne peux pas laisser ça, car c’est avec ces nattes que j’ai fait grandir mes enfants jusqu’à cet âge. Mes enfants et mes petits-enfants, je les nourris avec ça, je les scolarise avec ça et moi-même mon habillement c’est avec ça. »

Aussi bien pour la foresterie communautaire en général que pour l’exploitation des produits forestiers non ligneux en particulier, l’accompagnement des communautés s’avère d’une extrême nécessité. Pour rendre cette approche durable, il est donc impérieux d’accompagner les communautés dans la gestion et l’affectation des revenus issus de ces produits.