La « ferme modèle » est une approche conçue et mise en place par WWF permettant la sédentarisation agricole via un mix de plusieurs cultures sur une vaste étendue. Les différentes cultures y pratiquées, associées même à l’élevage et à la pisciculture, sont exploités par les fermiers propriétaires de ces espaces aussi bien pour des besoins d’autosubsistance que pour la commercialisation.
Emmanuel, communément appelé « Satan » est un ancien pratiquant de sport de combat, converti en fermier depuis qu’il avait pris sa retraite. Il est l’un des 87 fermiers pilotes appuyées dans 5 secteurs de la Province de l’Equateur par WWF. Nous sommes ici dans le secteur du lac Ntomba en territoire de Bikoro, à une centaine de kilomètres de Mbandaka, chef-lieu de la Province.
« Devenir fermier est une vision que j’avais depuis l’âge de 22 ans. Je me disais que quel que soit ce que je serai devenu, même Président de la République, à 45 ans, je laisserai tout et finirai par devenir fermier. Le moment venu, et à la suite de difficultés que j’avais connues, je me suis rappelé l’objectif que je m’étais fixé à mon jeune âge et du coup j’ai décidé de retourner en province pour réaliser mon rêve. Je me suis alors installé à Bikoro, comme c’est proche de Kinshasa pour commencer mes activités. C’est ainsi que j’ai entendu parler de WWF et de ses appuis. J’ai alors décidé de les approcher. »
Les fermiers ciblés par cette approche sont des propriétaires des vastes espaces susceptibles d’être exploités pour leur intérêt et pour l’intérêt de leur communauté.
« C’est ainsi que le PIREDD m’a donné cette carte avec comme titre « ferme modèle ». Si ta ferme devient comme ce qui est décrit sur cette carte, c’est que toi tu as déjà vaincu la faim. Et tu ne manqueras plus d’argent. Par ce que le salut de l’homme se trouve sur cette carte. Tu pourras être assis là où tu es et manger tout ce que tu veux par ce que tout est là. Cette carte prévoit beaucoup de choses, moi je suis encore au début. Mais mon objectif est que je parvienne à avoir toutes les variétés. J’ai reçu du PIREDD Equateur d’abord un appui-conseil. Ensuite le PIREDD m’a remis des semences de safoutier (50 ares), avocatier (50 ares), et de palmier à huile (1 hectare). J’ai même un étang piscicole et du bétail. »
Pour ce qui est de la vulgarisation de cette approche, le WWF compte sur l’appropriation du modèle par les fermiers actuellement appuyés et ensuite diffuser l’approche sur base des résultats et expériences de ces derniers. Monsieur Laurent Nsenga, chef de bureau de WWF en Equateur et pionnier même de cette approche, nous partage sa vision :
« A partir du moment où l’appropriation est parfaite, pour ne pas dire totale, notre vision est de continuer à vulgariser l’approche. Par ce qu’en vulgarisation agricole on dit « voir pour croire ». A partir du moment où il y aura des résultats et des retombés sur le plan socio-économique, sur le plan de l’amélioration des conditions de vie des populations et des ménages, et même aussi sur le plan de la sédentarisation agricole, nous ne pouvons qu’envisager l’extension de ce modèle car aujourd’hui on voit bien les fermiers en train de dupliquer cela. Chaque fermier a au moins une dizaine, une vingtaine et même une quarantaine des gens qui sont preneurs. Et c’est sur cette base là que nous sommes en train de planifier l’extension de ces activités de « ferme pilote ». L’idée est de lier cela à la Gouvernance, c’est-à-dire qu’on ait dans chaque village 3 ou 4 fermiers. Ainsi, cette approche pourra s’étendre. »
Une vision partagée par Emmanuel, qui se dit fier de ce qu’il est devenu et en appelle à l’union de tous les Congolais pour la vulgarisation de cette approche :
« Un pays comme le Congo, pour qu’il se développe, il faut l’agriculture. Sans agriculture, il n’y a pas de salut pour l’homme. Par ce que rien qu’avec ce qui est décrit sur cette carte, les gens peuvent vivre de ça. Je suis très content du travail que je fais et en tant que fermier, je suis fier de mon métier. J’appelle donc tous les congolais à s’unir afin de porter haut notre étendard. »
© Fonaredd RDC, story&photo credit: Gloire Munesha, juin 2022