Bien que la province du Maniema soit riche en biodiversité et en ressources naturelles, elle est également confrontée à des pressions croissantes dues à l’exploitation des forêts, qui vise à satisfaire les besoins alimentaires, économiques et sociaux de sa population.
Pour faire face à ce défi, le PIREDD MANIEMA a sensibilisé les communautés sur des techniques agricoles durables, en mettant particulièrement l’accent sur la promotion de la rizipisciculture dans une province où la culture du riz était exclusivement pratiquée en forêt.
MALINDO KIZIALA Simon, un agriculteur basé à KALIMA, a vécu une transformation significative dans sa vie depuis qu’il a décidé d’adopter la rizipisciculture comme nouvelle approche pour cultiver le riz.
À Kalima, je pratique la rizipisciculture, une activité qui répond à mes besoins et à ceux de ma famille.
Auparavant, je cultivais du riz dans les forêts en utilisant des méthodes comme l’abattage d’arbres, le défrichage et l’incinération. Cependant, avec l’arrivée de l’ONG MAENDELEO, qui offre des formations et des activités liées à la transformation du riz, nous avons abandonné la culture itinérante sur brûlis au profit de la rizipisciculture.
Nous avons suivi une formation d’une semaine sur la rizipisciculture. Pour commencer nos semis, un soutien financier nous a permis d’aménager les étangs et d’acheter divers outils, tels que des machettes, des bottines, des houes, des bêches et des pioches. Nous avons également reçu des semences de riz Nerica 4 et une unité de transformation du riz, appelée Rizerie.
Lors de ma première récolte sur l’un de mes étangs, j’ai réussi à produire 75 bassins de riz. Cette récolte m’a permis d’acheter les matériaux nécessaires à la construction de ma maison, tels que des tôles, des driers et des chevrons, ainsi que des porcs pour commencer un élevage.
Avec l’argent de ma deuxième récolte, j’ai construit un entrepôt pour mes matériaux de construction, ce qui m’a permis de fabriquer des briques et d’engager un maçon. J’ai ensuite achevé ma maison grâce aux récoltes suivantes. Cette activité a permis à ma famille et à moi d’avoir un toit en matériaux durables et de subvenir à nos besoins alimentaires et à la scolarité de nos enfants.
Nous transformons notre riz dans des rizières créées par notre organisation non lucrative (ONG), ce qui nous permet de bénéficier de coûts considérablement réduits en tant que membres. En général, je vends le riz pour générer des revenus, tout en conservant une partie pour ma consommation familiale.
La production de riz dans les étangs présente des avantages par rapport à celle en forêt. Elle simplifie le travail, avec un cycle de récolte court de deux fois par an et une variété de riz. Contrairement à la culture sur terre ferme, qui demande un effort physique important et de longs déplacements, la rizipisciculture est plus efficace. En effet, un hectare en forêt ne donne que deux sacs de Paddy, alors qu’avec cette méthode, on peut récolter entre 10 et 15 sacs sur 0,5 hectare. De plus, dans les bois, la production peut être affectée par les conditions climatiques. Aujourd’hui, je peux vendre à la fois le riz et les poissons, ce qui me permet d’avoir au moins deux sources de revenus pour aider ma famille.
Ce projet répond à un problème crucial dans cette région : l’insécurité alimentaire concernant certains produits agricoles de base, comme le riz. Ici, le riz était souvent considéré comme un aliment réservé à une certaine catégorie de personnes. En raison du niveau de vie des habitants, il était difficile d’acheter régulièrement du riz tout en répondant à d’autres besoins.
Auparavant, un gobelet de riz se vendait à 4000 FC. Cependant, avec l’introduction de cette technique, la situation a radicalement changé. De nombreuses personnes ont rejoint les ONG pour bénéficier de soutien et commencer la rizipisciculture, ce qui a eu un impact significatif sur notre vie quotidienne. Aujourd’hui, le prix d’un gobelet de riz a chuté à 1500 FC, ce qui indique qu’il y a désormais d’importants stocks de riz dans la région de Kalima. Parfois, lors des récoltes, le prix d’un gobelet de riz sur le marché peut même descendre entre 500 FC et 1000 FC.
En améliorant les moyens de subsistance des agriculteurs, la rizipisciculture vient renforcer l’engagement des communautés envers la conservation des forêts, car elles réalisent l’importance de préserver l’environnement pour leur prospérité.
Dans les zones d’intervention du programme, 2859 hectares ont été emblavés, et 8577 hectares de forêt déforestés ont été évités