Equateur, Secteur d’Ilanga
Les forêts du bassin du Congo fournissent un grand nombre de ressources et produisent des services écosystémiques importants pour les humains (ENABEL, 2021). Elles sont cependant sujettes à des menaces qui conduisent petit à petit, directement ou indirectement à leur perte. Agir sur les moteurs directs et indirects de la déforestation implique également de responsabiliser les communautés locales les actions de prévention et de réponse à travers une gestion durable des forêts. La foresterie communautaire est donc l’approche utilisée pour ce faire.
Ilanga, secteur situé à des dizaines de kilomètres de la ville de Mbandaka, chef-lieu de la Province de l’Equateur, est situé en plein cœur de la grande forêt équatoriale, à l’instar de plusieurs villages. Cette position fait de sa population des acteurs-clés dans la gestion durable des forêts dans cette partie de la province.
Mr José EMPELE, Président du Comité Local de Développement du Secteur d’Ilanga 1, 2 et 3, nous trace l’historique des concessions forestières dont ils assurent la gestion depuis plus d’une année :
« Auparavant, nous souffrions beaucoup avec les exploitants qui venaient chacun de son côté avec un titre d’exploitation, ils entrent dans la forêt, ils coupent les arbres et ils repartent. Si nous leurs demandons ils disent avoir des documents du Ministère et donc, pas moyen de les contrôler. Du coup, nous avions beaucoup perdu avec ce système-là. Dès que le décret d’octroi de concessions forestières des communautés locales est sorti, nous avons été informés par le canal de WWF. Il a fallu attendre 30 jours pour nous voir obtenir le titre. 30 jours prévus par la loi pour recevoir d’éventuelles contestations. C’est ainsi que notre carte a été validée et le Gouverneur nous a remis le titre. »
José EMPELE, Président du Comité Local de Développement du Secteur d’Ilanga 1, 2 et 3
Dans l’ensemble de la Province de l’Equateur, 480.000 ha constitués de 60 Concessions Forestières de Communautés locales (CFCL) avec titres légaux sont la cible du PIREDD Equateur.
De nos jours, soit au 30 juin 2022, le PIREDD Equateur a déjà réalisé 257 620 ha constituant 42 CFCL dont 14 avec titres acquis et 28 autres en processus de négociation avancé d’octroi des titres.
Juste après l’obtention du titre, des enquêtes socio-économiques ont été réalisées et ont permis de définir les priorités pour le développement local (PDL) de ce secteur. Ces priorités définies renseignent sur les avantages que procure la foresterie communautaire sur le plan environnemental, social et économique.
« La forêt est désormais la nôtre. Quiconque veut y entrer doit d’abord passer par nous. Les gens ne pourront plus y entrer comme ils veulent. C’est ça le premier avantage. Le deuxième avantage est qu’il n’y a plus de conflit avec nos voisins. L’arrêté signé par le Gouverneur de Province ainsi que la carte précisent bien qu’on n’a cédé même pas 1 mètre carré. Pour réduire la pression sur la forêt, nous ne touchons pas à la forêt marécageuse qui constitue 85% de l’ensemble de l’étendue. Avec les 15% de terre ferme, nous avions mis en place de petites entreprises d’exploitation forestière pour les produits forestiers non ligneux. », José EMPELE, Président CLD Elanga
« Ils peuvent, à partir du moment où ils ont leur titre, et sur base de leur plan simple de gestion, assurer une gestion durable, exploiter les produits ligneux et les produits forestiers non ligneux. Aujourd’hui, les gens qui ont des titres peuvent espérer générer des revenus et améliorer leurs conditions de vie », Laurent NSENGA, chef de bureau WWF Equateur.
Une vision commune de la gestion forestière n’est possible que si les représentations sociales de la forêt sont connues et partagées par tout le monde. Il existe d’importantes différences de croyances, de perceptions et d’attitudes à l’égard de la forêt entre les chasseurs-cueilleurs autochtones et les groupes sédentaires agricoles venus d’ailleurs (ENABEL, 2021).
© FONAREDD RDC, juillet 2022, photo credit & Story : Gloire Munesha, Communication Associate