Le 24 mars 2022, a eu lieu à Kikungwa chef- lieu de l’ETD Beia, le lancement du processus d’’élaboration des Plans Simples d’Aménagement du Territoire (PSAT) par les communautés locales des terroirs Fataki, Lutala et Mambwe -Kindikimozi en territoire de Pangi.
L’élaboration de ces PSAT s’inscrit dans le cadre du programme d’appui à la Réforme de l’Aménagement du Territoire en République Démocratique du Congo. Ce dernier fait partie des programmes prioritaires du Fonds National REDD+ de la RDC (FONAREDD) financé par l’Initiative pour les Forêts de l’Afrique Centrale (CAFI) et s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Cadre-Nationale sur la Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts.
Selon le professeur Baïdon NGOY KITWA, Directeur chef de service au Secrétariat Général de l’Aménagement du Territoire, cette Stratégie vise à promouvoir une gestion et une utilisation durables des espaces en vue d’adresser de façon intégrée les divers moteurs de la déforestation et la stabilisation du couvert forestier national, tout en assurant la croissance économique, l’augmentation des revenus et l’amélioration des conditions de vie des populations en général, et en particulier des plus pauvres et vulnérables.
Au niveau des Communautés et Entités Territoriales Décentralisées (ETD), le PIREDD-Maniema mis en œuvre par la Coopération Allemande GIZ en RDC, a pour mission d’appuyer les services techniques sectoriels et accompagner les communautés locales dans l’élaboration de leurs PSAT sur base du guide de zonage participatif des Terroirs Villageois.
Dans la Province du Maniema, ces PSAT ont été élaborés en cinq étapes à savoir ; la préparation, la consultation et la sensibilisation des parties prenantes, l’inventaire des ressources, mais également la cartographie participative et l’élaboration du plan simple d’aménagement du territoire par les communautés.
La validation de ces 3 PSAT est intervenue le 20 juillet dans les trois terroirs respectifs.
Le PSAT est un outil de planification spatiale au niveau des communautés, contenant la carte participative montrant l’existant dans le milieu et le plan de zonage qui prévoit les utilisations futures des espaces dans le but de la gestion durable des forêts.
Pour les communautés, la carte participative est d’une importance capitale par le fait qu’elle permet de maitriser les limites de leurs entités et le plan de zonage leur facilite la planification des activités pour une utilisation rationnelle des forêts pouvant profiter également aux générations futures.
BUKILI WAZAMBELA, habitant du village Mambwe, Groupement Meya:
« Nous étions en train d’exploiter la forêt sans penser à réserver ce que les générations futures pourront exploiter. Mais à partir de l’élaboration de ce PSAT, nous nous rendons compte que nous sommes obligés de gérer la forêt durablement. Par exemple quand nous faisons l’agriculture, nous devons penser à réserver les espaces où nos futurs enfants pourront cultiver et exploiter. C’est la toute première fois depuis ma naissance de voir ce genre d’initiative de développement dans notre communauté…
…Ça nous a permis avec le consentement de tous, d’élaborer nous-mêmes le plan simple d’aménagement du territoire pour nos villages. Nous demandons à ces experts et à la GIZ/PIREDD de continuer à nous accompagner afin de concrétiser les actions de développement selon les besoins de nos communautés en ce qui concerne la protection de l’environnement. Et pour concrétiser ce PSAT, contrairement à la manière dont nous étions en train d’exploiter la forêt dans l’ignorance, nous avons pris la décision de prendre désormais par exemple sur une partie de la forêt vierge d’une superficie de 20km², nous allons commencer à laisser 5km² comme espace conservée totalement. Cela parce que l’air est un élément très important pour nous et pour toute personne qui pourra visiter notre entité. Nous allons également laisser des espaces où nous allons reboiser. Aussi dans notre entité du groupement Meya nous avons plus de cinq concessionnaires qui exploitent la forêt de manière illicite sous couvert de certains hommes politiques ; nous demandons aux autorités tant nationales que provinciales de s’impliquer afin de résoudre ce problème. »
Madame MARIAMO SALAMA BWEMBE du village Fataki, groupement Jua:
« Nous venons d’apprendre comment nous devons laisser des réserves des forêts ; nous pouvons faire l’agriculture tout en sachant les limites. Ce PSAT est important parce qu’il nous permet de savoir orienter les activités agricoles pour nous aider à conserver et cultiver afin de survivre avec nos enfants. Là on saura où planter les palmiers, les arbres et autres cultures, comme ça on peut parvenir à construire des écoles, des hôpitaux, etc. Ceux qui ne se sont pas présentés sont dans la confusion, certains pense que nous avons vendu nos forêts alors que c’est faux. Nous qui avons participé à l’élaboration de ce PSAT, nous allons sensibiliser tous les habitants pour qu’ils sachent que nous n’avons pas vendu nos terres, mais plutôt ces cartes vont nous permettre de connaitre les limites pour éviter les conflits. »
En effet, ces trois Plans Simples d’Aménagement du Terroir PSAT pilotes sont élaborés avec l’accompagnement du Ministère national de l’Aménagement du Territoire. Ils sont d’une durée de 15 ans et peuvent être actualisés tous les 5 ans. Le terroir Mambwe-Kindikimozi du groupement Meya a une superficie de 6011,38 hectares avec une population de 939 habitants dont 572 femmes et 367 hommes et les deux autres terroirs se trouvent dans le groupement Jua, Fataki avec 1 309 habitants (400 femmes et 279 hommes) et une superficie de 49129,4 hectares et Lutala 380 habitants avec une superficie de 58916,84 hectares.
© BGF/ PIREDD Maniema, FURAHA BASHIGE Rachel, KALUME N’KOHWA Zacharie, juillet 2022